Comme la majorité le sait dorénavant, ce sont les enfants ou les plus jeunes qui hébergent le plus souvent le virus et font des grippes peu graves (ils constituent selon les experts le « réservoir du virus » qui ne se transmet que de personne à personne), et les plus âgés qui paient le plus lourd tribu en présentant des grippes graves, soit directement par elles mêmes, soit indirectement en provoquant des aggravations subites des maladies chroniques ou en favorisant la survenue d’autres maladies aiguës comme les infarctus du myocarde (crise cardiaque), ou les accidents vasculaires cérébraux ( « les attaques »). C’est ainsi que pendant la saison grippale, quand elle est particulièrement contagieuse, il existe une surmortalité qui ne touche presque qu’exclusivement la population la plus âgée. Près de 70% des cas de grippe admis en réanimation concerne les plus de 65 ans, et la surmortalité pratiquement que les plus de 75 ans. Cette année cette surmortalité sera encore plus sévère qu’en 2014-2015 (18 400 décès supplémentaires) dépassant les 20 000 décès sur l’ensemble de la période épidémique sur la France entière et plus de 1 800 maisons de retraites auront subi l’assaut des virus pendant cette période (Bulletin Grippe Sante publique France 28 02 2017).
Les conséquences de la grippe pour les populations les plus fragiles (sujet âgé, patients jeunes polypathologiques ou porteurs de pathologies chroniques sévères) sont pourtant encore mal connues et le fardeau de ces épidémies saisonnières reste donc très mal évalué par les pouvoirs publics.
Comme chaque année le bulletin de Santé-Publique-France a permis de suivre ces données, mais avec des relais médiatiques rendant difficiles la lecture de ce qui se passait réellement (cf. quelques centaines de cas graves mais finalement des milliers de décès en plus pendant l’épidémie). Dans le même sens, on exhorte tout le monde à se faire vacciner contre la grippe mais on présente l’efficacité vaccinale comme faible à très faible laissant dubitatif n’importe quel lecteur. S’il est clair que les vaccins à titre individuel chez les plus âgés sont modérément efficaces (ils ne protègent qu’une personne sur 3 à une personne sur 4), ils sont, à l’opposé, et parce que la maladie est très fréquente, très efficace à titre collectif puisqu’avec une seule prise (injection) de ce « médicament », plusieurs centaines de milliers de personnes sont protégés de cette surmortalité et d’autres pathologies aiguës conséquentes de la grippe.
Nous reviendrons plus tard dans les colonnes de « l’Académie du Bien Vieillir » sur « la grippe et ses vaccins » par un article de fond qui vous permettra de mieux comprendre à la fois la gravité particulière de la grippe et en quoi les vaccins, mêmes si très insuffisants, restent la meilleure arme pour limiter son impact.