C'est un peu comme si le cerveau parlait au cerveau. Ceci est particulièrement vrai lorsque l'on étudie le langage, la lecture, le calcul, la résolution de problèmes abstraits, de problèmes logiques. Mais les fonctions cognitives ne servent pas uniquement aux fonctions intellectuelles. Ceci est particulièrement vrai pour la marche. En fait, la marche est une acquisition tardive vers la fin de la première année de vie. C'est-à-dire le moment, après une année de vie, où se créent des connexions complexes dans le cerveau.
Pendant longtemps l’examen de la marche et la possibilité de tenir debout en équilibre ont été associés à la capacité de l’oreille interne, de la sensibilité des gens, et du fonctionnement d’une partie du cerveau que l’on appelle cervelet.
Il y a une dizaine d’années des chercheurs nordiques observaient que chez certaines personnes, lorsqu’on leur demandait de marcher tout en comptant à rebours, elles s’arrêtaient de marcher pour continuer à compter. Ces mêmes personnes présentaient un risque de chute plus élevé que celles qui continuaient à marcher en comptant.
Plus tard, on a remarqué que cette difficulté à réaliser en même temps deux tâches, était associée à une irrégularité du pas. Les imageries cérébrales ont montré que lors de cette activité, c’est la partie antérieure du cerveau appelée lobe frontal qui était activée. Or ce lobe frontal est le lobe de la stratégie complexe et de la planification – sorte de général en chef qui donne ses ordres aux autres fonctions du cerveau. D’autres études ont par ailleurs montré que les sujets qui chutaient avaient des troubles de la mémoire localisés volontiers au lobe frontal.
Ceci s’explique par le fait que la marche impose d’éviter des obstacles, doit s’adapter à des sols différents, et en ville bien souvent doit éviter les dangers de la circulation. Ainsi la marche n’est pas un acte mécanique, mais un automatisme qui doit en permanence s’adapter aux conditions dans lesquelles le sujet marche.
La vitesse de marche est apparue comme le grand marqueur de la fragilité des personnes âgées, nous imposant de constater, parmi d’autres arguments, que certaines parties du lobe frontal sont des zones stratégiques qui rendent compte des principales difficultés liées à l’âge.