Une raison de rupture possible lors du passage de la fin de carrière professionnelle à la situation de retraite, c’est la myopie d’envisager une nouvelle étape de vie qui peut être aussi longue que le temps de la carrière terminée.
Si les nouveaux retraités n’envisagent pas d’échanger les richesses de leur savoir être, savoir-faire et expériences personnelles et professionnelles, si racine et culture personnelles n’existent plus face aux conditionnements des multi médias qui peuvent les dés humaniser, les réduire au rôle de consommateurs passifs, s’ils perdent l’estime en eux et se laissent aller vers le sentiment de ne plus exister, très rapidement ils ne vont plus trouver leur rôle et leur place auprès de leurs proches, dans la société et leurs environnements.
Rapidement, ils vont perdre l’envie de vivre bien et longtemps.
Près de vingt années de réflexions et d’actions, en qualité de retraité professionnel, nous ont enrichi de trois enseignements : les relations aux autres sont essentielles ; le travail choisi, appris, compris et entrepris avec plaisir et bonheur, est le meilleur « outil » pour bien vieillir longtemps ; apprendre tout au long de la vie est une nécessité.
Nous avons entrepris de demeurer professionnel, qui est selon le dictionnaire Larousse : Celui qui exerce régulièrement une profession, un métier, par opposition à amateur, d’une manière compétente .
Remarque : un amateur exerce le plus souvent d’une manière compétente !
Le « professionnel retraité », comme celui de l’industrie, du commerce ou des arts, exerce régulièrement, avec compétence mais bénévolement, hors les productions marchandes obligées, une activité qui participe à la transformation de la société politique, économique, sociale et culturelle. Il est décideur libre de ses engagements, sans contrainte hiérarchique ou risque de licenciement.
Une ambiguïté : la profession demeure un critère social dans une nomenclature officielle (Insee) 6 groupes actifs et 2 inactifs dont le groupe 7 qui est celui des retraités, alors que ceux-ci sont reconnus, le plus souvent, comme des « actifs » voire des « hyper actifs ».
Il existe de plus un sentiment de crainte de cannibalisation des emplois de la part de la personne en recherche de travail. Notre réponse à cette problématique est que nous sommes bénévoles, notre travail est volontaire et non lucratif, sans rémunération.
Nous avons créé notre statut de professionnel dans une conduite éthique et responsable pour accompagner les plus jeunes à développer quelques projets de vie personnels et professionnels.
Ces jeunes, nombreux à s’engager pour construire leur, mais aussi notre, avenir, à leur façon, celle de leur imagination qu’ils cultiveront comme nous l’avons fait à leur âge… celui que nous avons tendance à oublier, au risque de créer une rupture avec eux. Si nous n’évoluons pas auprès d’eux, en peu d’années nous n’allons plus nous comprendre.
Il nous faut, avec eux, constamment inventer afin de développer une société où le toujours mieux humain est préféré au toujours plus matériel. En demeurant des professionnels compétents, connus et reconnus, nous évoluerons ensemble. Dans le cas contraire, le danger est grand d’une société difficile à vivre.